Briefe an Goethe: RA 1, Nr. 120
Von Louis François Elisabeth Ramond

9. Juni 1780, Paris

| 1 |




   Monsieur



J'ai reçu avant-­hier la somme de 218.12 ​L. montant de ma dépense
pour le jeune Baumgarten et dont la lettre dont vous m'avéz
honoré m'annonçait le recouvrement. Mon pêre a signé la
quitt​ce. en mon absence.


   Je ne puis, Monsieur, que vous témoigner toute ma
reconnaissance pour les nouvelles que vous avéz bien voulû me donner
de mon petit Compagnon de voyage qui m'a inspiré le plus vif
intérêt dans le tems des courses qu'il a fait avec moi sur les alpes.
Il a, je le sais, les passions un peu vives, il est fougueux, mais
d'une étonnante intrépidité, honnête, compatissant, attaché, et
je suis sur que vos bontés pour lui seront d'autant moins | 2 |
perdues qu'elles graveront dans son Coeur une profonde
empreinte.


   Tous ceux, Monsieur, qui n'habitent point autour
de vous et qui ne ressentent pas les bon effet de l' influence
que vous avéz sur les affaires, sont dans le cas de déplorer
le divorce que vous avéz fait avec les muses. Les hommes
qui sentent et pour lesquels vous aviéz créé de nouvelles délices
sont trompés dans leur attente et vous cherchent en vain dans
la foule de vos imitateurs,   ne leur faites pas perdre l'espoir
de vous voir rentrer dans la carrière et reprendre la lance que
vous seul pouvéz soulever.


   La France commence à peine à commercer avec l'allemagne
et malheureusement pour la premiere elle a bien peu
d'hommes capables de soutenir cette corréspondance, et bien
moins encore qui soyent dignes qu'on l'entreprenne pour eux.
Le génie de la monotonie et de l'ennuy préside aux prétendus
chefs d'oeuvre de notre capitale et le gout y est si blasé | 3 |
à force d'être subtilisé qu'il n'a plus de sentiment pour la
beauté d'un ordre supérieur. Le Croiréz vous, Monsieur,
Shakespear vient d'échouer ici, Tristram Shandi ne
trouve point de lecteurs et personne n'a encore réussi à
traduire Werther et n'a osé entreprendre Götz von Berlichingen


   C'est en Suisse que j'ai vû M. Lenz pour la derniere fois,
ses malheurs qui ont suivi ce voyage m'ont vivement
affecté et j'ai appris dans le temps avec interêt qu'il rentraît
enfin dans le sein de sa famille, puisse le désordre de son
imagination lui permettre le repos!


   Jái l'honneur d'être avec Respect

   Monsieur

   Votre très humble et très
   Obéissant Serviteur

    Ramond Fils


Il est inutile, Monsieur, de vous faire
l'offre la plus sincère de mon serrioux. vous
devéz être persuadé que si mes soins, mon Zêle, mon
pas, mon petit credit peuvent jamaîs vous être
de la moindre utîlité, je ferai toujours à vos ordres


S:  GSA 30/82,2 Bl. 62-63  D:  Ernst 1941 112f.  B : 1780 Mai 20 (vgl. 4, 370)  A : - 

R. bestätigt den Eingang der von G. überwiesenen 218 Livres und 12 Sols, über die sein Vater quittiert habe (vgl. RA 1, Nr. 121), sowie des Briefes vom 20. Mai 1780 mit den Nachrichten über P. Im Baumgarten. Schilderung der positiven Charakterzüge des Jungen. - Bedauern, daß G. offenbar mit der Muse gebrochen habe. - Über die beginnenden literarischen Beziehungen zwischen Frankreich und Deutschland. In Frankreich gebe es aber weder fähige Männer noch ein geeignetes Publikum für die Aufnahme hervorragender Werke. Noch niemandem sei eine Übersetzung des "Werther" gelungen, und an "Götz von Berlichingen" habe sich keiner gewagt. - Über J. M. R. Lenz.

| 1 |

 Monsieur


 J'ai reçu avant-­hier la somme de 218.12 ​L. montant de ma dépense pour le jeune Baumgarten et dont la lettre dont vous m'avéz honoré m'annonçait le recouvrement. Mon pêre a signé la quitt​ce. en mon absence.

  Je ne puis, Monsieur, que vous témoigner toute ma reconnaissance pour les nouvelles que vous avéz bien voulû me donner de mon petit Compagnon de voyage qui m'a inspiré le plus vif intérêt dans le tems des courses qu'il a fait avec moi sur les alpes. Il a, je le sais, les passions un peu vives, il est fougueux, mais d'une étonnante intrépidité, honnête, compatissant, attaché, et je suis sur que vos bontés pour lui seront d'autant moins | 2 | perdues qu'elles graveront dans son Coeur une profonde empreinte.

  Tous ceux, Monsieur, qui n'habitent point autour de vous et qui ne ressentent pas les bon effet de l' influence que vous avéz sur les affaires, sont dans le cas de déplorer le divorce que vous avéz fait avec les muses. Les hommes qui sentent et pour lesquels vous aviéz créé de nouvelles délices sont trompés dans leur attente et vous cherchent en vain dans la foule de vos imitateurs, ne leur faites pas perdre l'espoir de vous voir rentrer dans la carrière et reprendre la lance que   vous seul pouvéz soulever.

  La France commence à peine à commercer avec l'allemagne et malheureusement pour la premiere elle a bien peu d'hommes capables de soutenir cette corréspondance, et bien moins encore qui soyent dignes qu'on l'entreprenne pour eux. Le génie de la monotonie et de l'ennuy préside aux prétendus chefs d'oeuvre de notre capitale et le gout y est si blasé | 3 | à force d'être subtilisé qu'il n'a plus de sentiment pour la beauté d'un ordre supérieur. Le Croiréz vous, Monsieur,  Shakespear vient d'échouer ici, Tristram Shandi ne trouve point de lecteurs et personne n'a encore réussi à traduire Werther et n'a osé entreprendre Götz von Berlichingen

  C'est en Suisse que j'ai vû M. Lenz pour la derniere fois, ses malheurs qui ont suivi ce voyage m'ont vivement affecté et j'ai appris dans le temps avec interêt qu'il rentraît enfin dans le sein de sa famille, puisse le désordre de son imagination lui permettre le repos!

 Jái l'honneur d'être avec Respect  Monsieur  Votre très humble et très  Obéissant Serviteur   Ramond Fils

 Il est inutile, Monsieur, de vous faire l'offre la plus sincère de mon serrioux. vous devéz être persuadé que si mes soins, mon Zêle, mon pas, mon petit credit peuvent jamaîs vous être de la moindre utîlité, je ferai toujours à vos ordres

 

 
 

Nutzungsbedingungen

Kontrollen

Kontrast:
SW-Kontrastbild:
Helligkeit:

Zitierhinweis

Online-Edition:
RA 1, Nr. 120, in: https://goethe-biographica.de/id/RA01_0120_00133.

Druck des Regests: RA 1, Nr. 120.

Zurück zum Seitenanfang